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Chère Mathilde,
Résidence / Exposition, 2021-2022
Chère Mathilde, sous-titré Récits Hors Saison, est un cycle de résidence/exposition/médiation mené dans la ville d'Arcachon avec Rouge Hartley. Une résidence au long cours qui donne lieu à la réalisation de trois fresques par Rougeainsi que d'une exposition commune.Voici quelques unes des pièces que j'ai produites pour l'occasion.

Les pièces de Rouge sont consultables sur sa page instagram ici : https://www.instagram.com/rouge.hartley/

ainsi que sur sa page facebook ici : https://www.facebook.com/rouge.hartley


 

le texte d'introductionde l'exposition, présent sur la feuille de salle.

 

Chère Mathilde,

 

Voilà ce que l’on a fait de tout ce que tu nous as raconté, il nous a fallu du temps pour prendre nos marques et réaliser le voeu pieu de ne pas venir en touristes. Nous n’avons pas pu tout dire, et certaines histoires resteront secrètes, car la vie est faite de lieux et d’êtres, ici, dont il faut prendre soin.

 

Nous ne sommes pas allés partout et nous n’avons pas non plus tout gardé, il faudra que tu t’imagines : un skieur alpin gravit une dune de sable, deux baigneuses installent une balançoire dans la marée montante, deux ouvriers transportent en plein vent une immense photographie, une dame en habits du dimanche attend au port un sac plastique à la main.

 

Nous nous sommes demandé où nous situer, et comment te raconter toutes ces choses que tu sais mieux que nous, et c’est Virginia Wolf qui nous y a aidés, “Il y a des chances pour qu’ici la fiction contienne plus de vérité que la simple réalité”. Nous avons reconstruit ici ta ville de mémoire, morceau par morceau, nous y avons inventé des images, des noms et des visages, à partir des interstices laissés entre tes mots. Des souvenirs s’y télescopent, des drames passés et à venir, des émois aussi, et ce que tu verras, si tu viens ici, c’est ce que nous en avons gardé, par la force des choses.

 

Tout ce qui s’est entrechoqué entre nos mains, on te le rend à présent, un peu changé sans doute. C’est, on le pense, ce qui fait notre métier : faire un pas de côté, raconter à tous les histoires de chacun, avec les accidents, les embuches, les ressacs.

 

Et Virginia nous le rappelle encore : “La vérité ne peut être atteinte qu’en rassemblant une grande variété d’erreurs.”

 

Bien à toi. J&L

La feuille de salle proposée au public lors de l'exposition :

Editions d'expositon

Trois ouvrages ont été présentés lors de l'exposition.
Pour accéder à des desciptions plus précises de deux cis ainsi qu'à leur lecture en ligne, vous pouvez cliquer sur chaque image.

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Partir à Pied/ Début de Saison


Installation vidéo, 45 minutes,
I
[...] Si tu y passes en sifflottant, le nez au vent, conduit par ce que tu siffles, tu la connaîtras de bas en haut : balcons, rideaux qui s’envolent, jets d’eau. Si tu marches le menton sur la poitrine, les ongles enfoncés dans la paume de la main, ton regard ira se perdre à ras de terre, dans les ruisseaux, les bouches d’égout, les restes de poisson, les papiers sales. Tu ne peux pas dire que l’un des aspects de la ville est plus réel que l’autre [...]
 
Italo Calvino, Les villes invisibles (Le città invisibili) 1972

partir à pied se situe entre le film et le dispositif scénographique. Filmer un lieu c’est enregistrer une lumière. La projection au plafond permet à chaque plan, chaque “carte postale”  de  baigner la salle de cette lumière , à chaque plan  différente.  Cette lumière diffuse persiste lorsque l’on ne porte pas attention au film. Des bouées  permettent de le regarder comme on fait une sieste dans le sable. Le film ne raconte pas d’hiistoire, il collectionne des évènements carturés au fil de notre résidence.

Lasser Traverser

Laisser Traverser, 2022
Flacons de parfum, flacon à pompe, lettre, timbres, 14 pièces


Quand j’écris un parfum j’ai l’impression que les histoires qu’il raconte sont contenues dedans, et pourtant je crois plutôt que le parfum les appelle du dehors, les attire pour les concentrer. Tout me fait me perdre dans le choix impossible d’en raconter une seule, le parfum est une histoire écrite dans le langage de la peau.

Laisser Traverser condense donc, plusieurs histoires traduites en fragrance, la fleur de la côte en été (Helichrysum Italicum)  et celle de la ville d’hiver (Acacia Dealbata), la fête (Piperum Nigrum)  et le rite (Commiphora myrrha), l’opulent (Cistus ladanifer ) et l’intime (Citrus clementina)

Ci-joint la lettre qui était disposée près de l'installation durant l'exposition :

Ma Mathilde,

Je suis contente de celui-ci, il m’a donné du fil à retordre. Il est un peu pour toi,  comme je sais que tu écris, c’est un parfum à histoires, à enquête, un parfum-puzzle.

Avec le temps,  ça n’est pas que je prenne confiance en les gestes de la composition,  je crois que c’est plutôt que le moment calme qui se parait auparavant de certitudes devient un jeu avec le doute, et s’en retrouve tout changé, paradoxalement plus calme encore. S’autoriser à jouer un jeu sérieux, avec des règles que l’on s’invente. Composer quand on navigue, avec seulement des souvenirs, et au milieu de nulle part, c’est un jeu qui m’a toujours plu.

Ensuite, c’est simple, chaque peau parle un langage différent, chaque nez capture un souvenir distinct : c’est la remembrance. Faire un parfum pour tout le monde en ce sens est absurde ; mais pour moi c’est comme une poésie : entre le mot et ce qu’il devient en chacun, il y a mille silences. S’y plonger c’est regarder une fabrique à sensations qu’on ne peut pas connaître tout à fait, et on ne sait pas toujours ce que l’on cherche.

Je trouve toujours dans chaque note une petite volonté, plus ou moins fugace. Quand j’écris un parfum j’ai l’impression que les histoires qu’il raconte sont contenues dedans, et pourtant je crois plutôt que le parfum les appelle du dehors, les attire pour les concentrer.

Voici ce que je me raconte, donc, à l’heure où je le prépare : des histoires qui se téléscopent. Des épices d’une autre rive qui percutent un troquet dans lequel on avait nos habitudes, de l’alcool et du citron, des écorces que l’on faisait craquer à la flamme,  les fleurs que l’on chapardait gosses pour décorer notre planque, chèvrefeuille volé aux jardins, mimosas volés au parc,  immortelles volées à la dune, jaunes comme des touches de peintures, les agrumes qui apparaissaient, magiques, lorsqu’il commençait à faire froid, les essences amères qui marquent les ongles et qui crépitent dans l’air quand on en plie la peau, les fleurs des îles quand on se faufile entre les corsages pendant les bals où chaque dame rivalise de sillage, opulentes tout le temps, et puis la fête foraine, le caramel, l’odeur du sous-bois juste à côté, les entre-deux-soirs et nos rites d’encens, de myrrhe et de patchouli.

Tout me fait me perdre dans le choix impossible de raconter une seule histoire. C’est un parfum trouble, des temps qui se percutent, qui ne se laissent pas saisir sauf peut être si l’on se laisse simplement traverser, indécises, c’est le nom que je lui ai donné :  Laisser Traverser.

J’aime composer en mer, et là où je suis le froid et le vent dévorent tout. C’est une beauté muette, du point de vue des parfums, il n’y a que l’odeur du bateau.

je t’en envoie une fiole, et tu me diras, quelle histoire il te raconte à toi. j’attendrai ta lettre.

Ton Alix.


 

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Puisqu'ils nous promettent à d'autres
Tirages photographiques sur papier d'art, 40*30cm, 2022

neuf études photographique pour les “Au milieu des ajoncs”
puisqu’ils nous promettent à d’autres se veut à cheval entre une planche contact de photographie et la pellicule d’un film. La série de montages photographiques mime le statut d’étude pour la grande toile composée non loin et déploie en quelques images une scène de cinéma dont elle pourrait être la trace. Les différents “regards caméra” et ruptures du quatrième mur peuvent suggérer une scène interrompue, dérangée par le spectateur.

Voici un des textes qui étaient associés à ces épreuves photographiques.


 

On rentrera ce soir, à peine une fatigue
on dira qu’on ne voulait pas venir
faire un rallye ou refaire un monde
c’est une noble écumoire.

On s’arrange avec, ce qui nous arrange
parce qu’on peut le faire
et on a les moyens, de la fausse fuite,
on refera la même on rentrera chez nous.
nos envies d’au-dehors,
de jeux de pacotille

Ce qu’ils préparent pour nous,
à la fin on aura tout.
Le bon esprit et les bonnes conditions,
on rêvera d’une autre école buissonnière.

Bien sûr qu’on a le choix
le temps de prendre la pause.
On veut bien faire comme celles
et ceux qui changent leur vie
mais on s’éprend d’un leurre,
d’images de sauvagerie.

Il faut sortir de nous
pour sortir du rallye


 

On ira pas au rallye.
On a pris toutes les sapes et on s’est taillées en forêt
On viendra pas nous chercher en escarpins et en tulle
au milieu des ajoncs.

On aurait du faire ça avant.
Toutes ces heures perdues depuis toutes gosses...
On choisit pas sa famille,
apparemment avec eux,
on ne choisit pas non plus ses amis.

Si on fait partie du jeu, eux font partie des murs.
Les filles et les garçons.
Ils croient qu’il suffit de nous frotter les uns aux autres et nous apprendre les convenances pour que tout se passe.

Est-ce qu’ils le croient vraiment ?
Parfois j’ai l’impression que c’est depuis le berceau.
Nos parents placent leurs pions,
échangent leurs cartes de visite.
C’est notre meilleure vie qu’ils préparent ?

Maintenant je sais plus,
Le domaine et les propriétés.
Si c’est notre héritage, ou si on en fait partie.
Mais puisqu’ils nous promettent à d’autres...

Donc je n’irai pas, pas cette fois.  
J’irai pas au rallye.
Encore une fête qui n’en est pas une.
Il y a bien des endroits ailleurs où l’on fait autrement.

Et si on ne veut pas attendre
On fera cet endroit, partout où on ira.

On a pris toutes les sapes et on s’est taillées dans les bois
On fera n’importe quoi.

 

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