E : \ Luka

Texte et image entretiennent différents types de relations. Je me sers du matériau d’origine -ici un ancien dictionnaire médical- pour mettre en jeu les caractéristiques de celui-ci, les détourner et amener à son renversement. La problématique du dictionnaire, mode d’emploi du mot et de ce qu’il représente, m’a donné envie de faire émerger une plasticité propre au rapport que l’on entretient avec cet ouvrage particulier. Ici une récolte d’images et de définitions ont donné lieu à un nouvel assemblage, permettant à la fois un nouveau sens aux mots mais aussi une nouvelle résonnance entre les objets et les situations présentées, confrontés à leur définition autoritaire, univoque.
 Ces procédés d’ assemblage (sélection d’images au sein de l’ouvrage, tronquage de définitions) impliquent des glissements sémantiques qui requalifient les images, leurs donnent d’autres interprétations possibles, confinant parfois à l’absurde, au jeu de mot, à l’humour noir.
    L’enjeu était également de mettre en perspective le paradoxe entre la distance aux images (l’âge et la nature du dictionnaire, la morbidité manifeste du contenu, le noir et blanc) et  la proximité engendrée par le rapport direct aux mots. C’est l’assemblage propre à la lecture qui m’intéresse ici, et la manière dont peuvent s’entrechoquer l’humour, l’indifférence, la poésie, l’absurde, l’ironie oui le malaise au cours des divagations du spectateur.
Les sujets abordés au travers de ces petits billets sont multiples, de l’enfance à l’infantilisation, de l’humour noir à une réflexion sur le sexisme et l’intolérance, sur le conformisme et l’indifférence, mais aussi l’art et le contenu cognitif et affectif des images.. Ils mettent également en évidence comment le dictionnaire peut au travers du paradigme qu’il intègre construire une vision du monde, une idéologie. L’ancienneté de l’ouvrage d’origine fait écho à ce phénomène, on y trouve une vision du monde propre à une époque, mais dont les résonnances me semblent encore d’actualité.